«Tu étais un enfant hors du commun», lui disait souvent sa mère. Elle a vite remarqué qu’il n’était pas un enfant ordinaire dont les tendances comportementales ne passaient presque jamais inaperçues. Sauter des classes, piquer la crise parce ce qu’on n’a pas compris sa phrase et faire des caprices parce que son dessin n’a pas rendu exactement comme il le voulait.
Il n’en savait rien à l’époque. Tout ce dont il était 100% conscient, c’était le décalage tangible qu’il ressentait entre les autres et lui. Il s’ennuyait beaucoup en cours pendant que ses camarades s’amusaient et il ne supportait pas de rester assis comme il ne supportait pas le cours de maths car bizarrement, 1+1=2 ne lui paraissait jamais logique.
Il n’a jamais été ‘bon élève’. Ses résultats étaient toujours dans la limite du ‘bon’ et son quotient émotionnel surélevé. Il décrochait vite quand le sujet ne retenait pas son attention et revoilà ses pensées repartir en arborescence. Vous l’aurez deviné, la mère a mis au monde un enfant ‘zèbre’.
Il ne l’a pas tout de suite compris, ou accepté. Être Haut Potentiel était une malédiction pour lui. En grandissant, il s’est toujours senti en décalage avec cette société qui n’identifie pas forcément la précocité d’un enfant, ni celle d’un adulte…
Oui. L’enfant surdoué grandit en un adulte Haut Potentiel (HP), un être plein d’intensité, de complexité et dont le tic principal est cette urgence à agir. Il cohabite avec un sentiment constant d’avoir une mission à accomplir, avec cette pensée que sa vie n’aura pas de sens s’il ne la vit pas en fonction de ses valeurs et ce besoin de sentir que sa vie a un impact.
Femme, homme ou enfant HP aura tendance à chercher dans ses relations une certaine profondeur, que l’autre n’est pas toujours à même de donner. Le surdoué souffre. Nous passons alors de surdouance à souffrance.
A l’origine de ce mal-être présent chez les surdoués, la difficulté à trouver sa place.
Selon la théorie de Dabrowski, plus nous avons d’hypersensibilité et de force d’autonomie (càd, les processus dynamiques et autonomes qui nous poussent à nous impliquer, à nous engager, à transformer consciemment nos idéaux en actions, à contrôler notre propre comportement en fonction de nos valeurs) plus notre potentiel de développement sera élevé.
On se fait souvent une idée élitiste du HPI, alors que c’est un sujet complètement inclusif ; il touche toutes les catégories sociales, autant de femmes que d’hommes, quel que soit leur âge, quelles que soient leurs origines ethniques, leurs convictions religieuses ou leurs opinions politiques ou philosophiques. C’est en effet cette diversité cognitive qui fait que l’HPI expérimente tout au long de sa vie une neuroatypie et un modèle de pensée différent de la norme.
Nous distinguons deux catégories : Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ou Haut Potentiel Emotionnel (HPE). Les premiers ont une mémoire sémantique, liée aux contenus verbaux comme les dates, les noms et les concepts. Les seconds ont une mémoire épisodique qui leur fait évoquer facilement des situations liées à des émotions. Et c’est cette empathie particulièrement plus développée, qui permet à l’HP une compréhension des intentions, des pensées et des émotions des autres, qui est très fine. Mais les deux ont une ‘hypersensibilité sensorielle’ hors du commun ou ce qu’on appelle ‘hyperesthésie’.
Généralement auditive ou tactile, l’hyperesthésie est une sensibilité exacerbée de l’un ou de plusieurs sens chez quelqu’un. Pour sa part, il vit les sons et les images différemment que vous. Le taux de cortisol dans son sang augmente et son stress est vite déclenché si l’un de ses sens capte un signal peu plaisant au goût de ses oreilles ou ses yeux.
Au travail, il arrive à faire en deux heures ce que l’autre fait en deux jours, ce qui explique cette quête infinie de nouveauté. Et par peur de paraître orgueilleux ou de recevoir un jugement négatif, les HPI/HPE ont du mal à avouer qu’ils sont ‘zèbre’ ou HP. Ils ne sont pas plus intelligents que les autres, ils ne sont pas des génies et ils ne sont pas en mesure de nous expliquer exactement pourquoi est-ce une malédiction quand ils sont mécompris, mais ils peuvent vous garantir que les compétences développées en surdouance sont un cadeau plus qu’un fardeau !
Empathie, Résilience, Passion, Faire les choses à une vitesse éclair, Créativité, Multiaction, Recherche de vérité, Souci de justice, Hyperactivité cérébrale, Oscillations émotionnelles et Leadership. Si vous avez un HP dans votre équipe, vous êtes des plus chanceux, après tout, ils ne constituent que 2.5% de la population mondiale !
Rania GASMI
Conseillère de carrière – past chargée de communication à Premium Advice & Training
Source : La dépêche24